TUNER SHARP ST-1400
TUNER SHARP ST-1400
TUNER Sharp ST-1400 05/05/2016
Il était fréquent que des marques reprennent des appareils d’autres marques pour les revendre sous leurs propres logos, soit tels quels, ou en les modifiant superficiellement (ajout d’une façade, de joues en bois, habillages divers ). Certaines marques allaient jusqu’à modifier également l’électronique, souvent pour l’améliorer.
Pour améliorer ? Peut être. En tout cas pour ajouter une signature sonore.
Si McIntosh reprenait un lecteur CD de la marque Philips, ils modifiaient l’habillage, mais également l’électronique.
Si Conrad reprenait un lecteur CD connu de la marque Philips, le CD350, ils ajoutaient simplement une façade simpliste par dessus celle, conservée, de chez Philips, en se contentant de découpes rudimentaires pour laisser l’accès à l’afficheur, au tiroir CD et aux diverses commandes. Il ajoutaient des joues en bois et inséraient une carte électronique supplémentaire pour modifier le traitement du signal en sortie du convertisseur. La platine ainsi modifiée était revendue bien plus chère que celle d’origine.
McIntosh, Méridian, Conrad, etc..., font partis de nombreuses marques à avoir ainsi utilisé ce « procédé » pour vendre du matériel Hi-Fi.
L’autre exemple le plus connu est celui où Philips, schneider, radiola, ect..., se sont partagés les mêmes amplis, enceintes, platines diverses, sans rien changer, si ce n’est le logo. Le nom du modèle restait souvent le même, comme c’est le cas avec ce tuner Sharp.
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Le ST-1400 ne déroge pas à la règle, puisqu’il s’agit du tuner de même référence, ST-1400, de la marque Optonica, réputée dans le moyen et haut de gamme.
Pourtant, ici, c’est l’inverse qui se passe, puisque c’est une marque grand public qui vient modifier un modèle d’un constructeur plus haut de gamme en le parant d’un costume plus élaboré.
Ainsi, le ST-1400 de chez Sharp se retrouve habillé d’ un revêtement supérieur en imitation cuir, des joues en bois, et un éclairage vert discret ( pour mon modèle ) ou jaune, le tout du plus bel effet.
L’intérieur ne semblerait pas avoir été modifié.
On se retrouve devant un petit tuner 4 cages au design sobre et élégant, presque reposant, sentiment renforcé par cet éclairage vert discret et peu puissant. Reposant et chaleureux en soirée, puisqu’à la lumière du soleil le rétro-éclairage ne sera pas visible.
Le ST1400 possède deux sorties. Une variable, et une fixe, cette dernière permet d’ajuster le volume directement à l’arrière du tuner, fonction qui peut être utile.
On retrouve les fonctions habituelles des tuners moyen et haut de gamme comme le muting, l’air check et le blindage.
A l’arrière, les traditionnelles connectiques antenne, sorties variable et fixe.
A noter que sur ce tuner, les connecteurs de sortie sont en DIN 5 broches.
L’écoute :
A l’écoute ce tuner ne déçoit pas. Il attrape toutes les stations avec aisance, et ce, même avec un simple bout de fil en guise d’antenne. Utiliser les boutons revêtus de bandes en plastique souple noir est agréable au toucher et ça ne vieillit pas après des décennies d’utilisation, ce qui est un bon point : on prend toujours plaisir à manipuler ce tuner.
L’écoute est douce, musicale et on se laisse vite entrainer dans l’ambiance des stations que l’on aura choisi.
La signature sonore se prêtera d’avantage à des écoutes de musiques comme le classique, le jazz, le blues, mais les sons électroniques ne seront pas lésés pour autant.
A l’heure où le mp3 et le numérique viennent handicaper ces vieux appareils pour limiter leurs possibilités de restitution et d’expression en les parant d’un fauteuil roulant rudimentaire, ce petit tuner sera bienvenu pour les chanceux qui captent encore des radios qui émettent avec une qualité descente. Pour les autres, ce petit Sharp fera très bien son travail. Il apportera dans tous les cas une touche visuelle sobre et élégante, souvenir d’un passé ou les matières premières étaient, et restent encore le symbole d’une noblesse et d’une pureté à l’image de ce que prétendaient proposer à l’écoute ces appareils d’un autre temps, indémodables, presque indestructibles. D’une époque où Muddy Waters inventait l’électricité.
Imaginez ce vieux Sharp qui a bravé le temps pour venir aujourd’hui faire un discret pied-de-nez à toutes les séries d’Ipod, d’Iphone et autres tuners numériques en les regardant naître et mourir les uns après les autres, sans finalement jamais céder la première place qu’il conservera encore pour longtemps, peut être même bien après que la dernière station de radio aura cessé d’émettre...
Et quand bien même, ce jour là, il pourra encore faire chanter l’Iphone 1052S avec écran 3D rétractable, micro-batterie auto-régénératrice et répertoire d’appel oculaire sur une vieille chaine hi-Fi que l’on aura conservé via un simple émetteur FM.
Et d’ici là, on lui aura certainement trouvé une utilisation qui lui permettra de conserver la meilleure place, celle où il continuera à prendre la vedette au meilleur Iphone jamais conçu.
Vous en doutez ? Devinez la réaction des gens qui viennent chez moi, et qui voient le tout dernier Iphone posé devant ce tuner ?
Aujourd’hui, que les chaines Hi-Fi s’appellent apple, samsung ou autre, l’aspect visuel ne dépend que du prix et d’une mode qui n’a de visuel que le prochain modèle tant attendu, avant même de savoir ce qu’il aura de plus... ou pas, et qui mettra à la poubelle le précédent au bout de quelques mois seulement, laissant croire que l’on peut emporter toute sa vie et son âme, ou celle de l’artiste que l’on écoute dans une poche de jean, avec une qualité recherchée qui reste toujours le reflet de nos valeurs et nos attentes...
J’ai presqu’envie de dire que l’obsolescence programmée peut procurer beaucoup de plaisir avant l’achat de façon répétitive, alors que l’obsolète continue de faire croître ce plaisir après l’achat. Une sorte de « méditation du vinyle », où le simple fait de sortir la galette en carbone de sa pochette avec délicatesse, de la poser avec douceur et attention sur le plateau avant d’y déposer le diamant, nous permettait presque inconsciemment de faire le vide et de se préparer à écouter de la musique, à vivre un moment présent, et d’y prendre du plaisir. Voilà ce que m’inspire ce petit tuner qui n’a pas perdu une ride depuis et qui continue de chanter comme ne le fera aucun appareil moderne, avec peut être le regret de ne plus entendre ces émissions enregistrées avec les légendaires micros large bande des années 60 au son chaleureux qui donnaient cette présence et ce réalisme tant appréciés.
Chanceux sont ceux qui ont conservé des enregistrements de qualité de cette époque.