Lors de comparatifs entre différents éléments, que ce soit enceintes, amplificateurs, sources,  je trouvais que le temps perdu à débrancher/rebrancher n'aidait pas vraiment notre oreille et notre objectivité déjà bien assez subjective.

L'idée a été de construire un appareil qui permet de s'affranchir de tous ces tracas et pertes de temps.

Voici donc une ne réalisation personnelle utile pour des écoutes comparative dans la Hi-Fi.

Un appareil où l'on connecte une source, 3 amplis et 2 paires d'enceintes.

Cet appareil a pour but de pouvoir basculer instantanément entre n'importe lequel des 3 amplis connectés via des boutons poussoirs et entre 2 paires d'enceintes raccordées sur cet appareil pour des écoutes comparatives. J'ai donc logiquement appelé cet appareil un sélecteur.

Sur cette première réalisation, je n'ai pas pensé à faire des photos de chaque étape, étant concentré à mener à bien mon projet.

Réalisation:

J'ai trouvé un ampli Pioneer SA410 impossible à réparer puisqu'en dehors de l'alimentation, il n'y avait plus rien à l'intérieur.

Sur la carte préampli et ampli, la plupart des composants avaient été démontés.

Le boîtier était dans un bon état, tous les boutons étant présents. La face avant présentant des rayures, je la ponce et je la brosse.

Le but du jeu est de réaliser ce montage en dépensant le moins d'argent possible tout en essayant de réaliser quelque chose d'esthétique, un peu dans l'esprit vintage.

Sur ce sélecteur, j'ai eu la possibilité d'avoir  quelques  pièces, relais, filerie, etc... et un morceau d'aluminium que je découpe puis ponce moi-même.

Je récupère des borniers d'enceintes provenant de vieux amplificateurs irréparables.

Le gros du travail est la main d'oeuvre, avec le plaisir de pouvoir réaliser ce genre d'appareils.

Pour commencer, il s'agit donc de se confectionner un boîtier en gardant l'esprit vintage.

Je récupère donc celui du tuner Pioneer, je vire les différentes commandes de la face avant et arrière, puis place mes façades découpées en alu.

L'étape suivante consiste à assembler le tout.

Sur ce premier modèle, l'idée est qu'aucune vis n'apparaissent en face avant. Je trouve une astuce pour que ce soient les boutons poussoirs qui maintiennent la plaque en alu rajoutée sur l'existant pour cacher la découpe de la façade de l’ampli..

Dans la réalité, j'avais commencé par faire le câblage avant de m'occuper de la face avant, ne sachant pas trop comment l'élaborer à ce moment.

J'ai donc commencé par la face arrière, le câblage et fini par la face avant.

Mon premier sélecteur est terminé testé.

Ecoutes comparatives:

Cet  appareil est surprenant. Lorsqu'on écoute 2 amplificateurs, pour les comparer, le temps de débrancher source et enceintes du premier pour les rebrancher sur le second, et la mémoire auditive a déjà montré ses faiblesses.

Je dirais que ce sélecteur est un excellent complément à une écoute comparative.

Sans lui, on sera capable de définir la précision d'un amplificateur, sa dynamique, son corps, mais à quel point serons-nous objectif? De plus, on aura du mal à être juste sur la spatialisation et la couleur. En effet, ce sélecteur montre un avantage certain à pouvoir passer immédiatement d'un amplificateur 1 ver le 2, ou du 1 vers le 3, ou encore du 3 vers le deux. Toutes les combinaisons sont possibles. 

Sur une dizaines d'amplis testés, seul l'Akai AM2400 a fait entendre un petit claquement dans les HP lors de la sélection. Claquement pas dangereux provenant d'un condensateur de l'ampli et non du sélecteur.

L'utilisation est sympa et on y gagne beaucoup de temps.

Nous sommes 5. Amplis raccordés sur le sélecteur: Scott 255S, Rotel RA04 et ampli/tuner Marantz 2230.

Première écoute, mes 4 auditeurs préfèrent la sonorité du Marantz. Visuellement il est beau, une façade chaleureuse, et étrangement, tout le monde s'accorde à dire que sa proposition sonore est chaude.

Le Scott surprend, j'ai l'impression que certains aimeraient bien le mettre en première place vu les réactions.

J'utilise maintenant le sélecteur.

Mais je l'utilise en écoute aveugle. Personne ne sait quel ampli joue.

Et là, le résultat change radicalement.

Le Scott prend la 1ère place à l'unanimité. Le Marantz se retrouve à la dernière place. Je remplace le Scott par un Akai AM2400 et le rotel par un Marantz 1090.

Là encore, le 2230 se retrouve dernier. On lui reproche une froideur, un manque de précision et un manque de pêche, comparé aux autres amplis utilisés.

Dans les différents essais, le Scott garde sa 1ère place.

Ce qui fut sympa? Le moment où tout le monde s'attendais à ce que je montre le 2230 qu'ils pensaient avoir mis en 1ère place.

Précisons tout de même que le 2230 n'est pas nul, loin de là, nous le comparons tout de même à de belles machines. Mais sa réputation est surfaite, à mon avis.

Cela montre deux choses.

La vue peut influencer notre écoute, je pense que nous avons tous vécu cela. L'esthétique du Marantz 2230 plaît à tout le monde, y compris à votre narrateur. On s'attend donc à ce que le son soit à la hauteur de cette superbe façade.

La seconde chose importante est la différence entre une écoute analytique et une écoute de plaisir. Et si le sélecteur est utilisé en gardant cela à l'esprit, il rend de grands services.

L'autre expérience a été de comparer la spatialisation du Scott et du Rotel. Nous étions tous persuadé de n'y voir aucune différence. Pourtant le sélecteur nous a non seulement prouvé le contraire, mais d'une manière si grande que le Scott nous a "Scotché".

En effet, la spatialisation et la séparation stéréo sont telles que lors du passage du Rotel vers le Scott, nous nous sommes d'abord demandé si ce n'était pas trop extrême sur le Scott. Nous avions l'impression que la voie n'était non plus au centre, mais distinctement sur chaque voie droite et gauche. Pourtant, sans ce sélecteur, personne n'avait remarqué cette différence pourtant énorme. Correction du cerveau? Inconvénients de la mémoire auditive?

De plus, ce sélecteur apporte quelques petits plus sur les différences de précision, la finesse des aigus, etc...

Pour conclure, je dirais que pour donner un avis le plus objectif possible, il faut savoir faire deux écoutes.

L'une, technique, analytique, consiste à comparer, chercher, je dirais observer.

Là, l'utilisation du sélecteur est utile.

L'autre, peut être la plus importante, consiste tout simplement s'installer confortablement et écouter, se laisser aller, entrer dans la musique. Et là, que disent vos oreilles? Mais que dit votre coeur aussi? Vous aimez? L'écoute est-elle fatiguante? entraînante? Relaxante.

Oui, il faut savoir utiliser ce genre d'appareil, et ne pas en abuser. Il est en effet possible de montrer l'inverse, de montrer qu'une excellente enceinte peut être perçue comme mauvaise. Comment?

Imaginez Katie Mélua sur des enceintes Esoter, puis sur des Cabasse Dinghy. Les Esoter seront en général préféré par les auditeurs.

Imaginez maintenant un morceau de Lizz McComb qui passe Sur les Esoter. On apprécie grandement, c'est vraiment bon. Puis on passe sur des Cabasse Dinghy. Ca claque, dynamique puisance, rendu propre et superbe! Au bout de 5 minutes, on repasse sur les Esoter. Ces dernière paraissent fades, molles, un son rappelant ce côté étouffé de boites de conserves. Surtout les 1ères secondes. Après ça s'estompe, mais on garde ces défauts en tête et on les entends encore dans les oreilles.

J'y vois un avantage, celui de pouvoir ranger plus facilement des enceintes dans une catégorie d'écoute.

J'ai ainsi pu constater avec le sélecteur, que les Esoter sont polyvalentes, superbes pour les musiques enregistrées en studio. Les B&W DM2, superbe pour le classique, le Jazz, mais surtout les voix. Et ainsi de suite.

Le sélecteur apporte également de précieuses informations sur des amplificateurs. Mais il est également possible de l'utiliser comme comparateur de sources. Par exemple 2, voir 3 platines CD ou vinyles. Dans ce cas là, un seul amplificateur connecté en lieu et place des entrées source du sélecteur. De par sa conception, il n'y a aucun risque.

Enfin, l'idée d'utiliser 2 amplis et 2 paires d'enceintes pour sur faire deux chaînes Hi-FI différentes est le must si on a la place.

Blues..