AMPLIFICATEUR MARANTZ 1060

J'étais donc curieux d'entendre ce petit intégré, mais pas au point d'accepter les tarifs actuels. Je ne crois pas qu'il vaille ces sommes démesurées.

Je ne vais pas ici reparler de l'électronique, relativement classique mais efficace de cet intégré, puisqu'elle a souvent été détaillée un peu partout et un banc d'essai est téléchargeable en fin de cet articles.

Je pense plus judicieux de mettre sur la feuille mon expérience personnelle, afin de proposer un complément et une aide à la rénovation, avec un petit retour sur l'écoute.

On m'a donné cet ampli dans un sale état.

Façade abîmée, deux boutons pas d'origine, et une voie qui ne fonctionne pas.

Un premier dépannage fastidieux, puisque à chaque fois que je changeait un composant, un autre claquait. Un peu comme si le nouveau composant accélérait la mort d'un autre, probablement déjà en fin de vie.

Tantôt un transistor claquait, tantôt c'est une résistance qui fumait.

A un moment, il fallait même refaire des pistes qui se décollaient à force de toucher aux soudures.

J'ajoute que ce "dépannage était fait sans grande conviction, et mon erreur était probablement de vouloir faire trop rapidement les choses.

Après de longues heures de tentative de dépannage, je rangeais ce petit Marantz pour quelques temps.

Puis je l'ai ressorti en décidant de m'y coller plus sérieusement.

C'est là qu'il a été constaté que les 4 transistors de puissance n'étaient pas d'origine, et étaient même moins bons. Des MJ15024 dont le gain et la bande passante étaient inférieur à ceux d'origine.

De plus, en regardant l'électronique de plus prés, j'ai observé des disparités entre les différents transistors, les différentiels, des fils mal ressoudés, un domino pour prolonger des fils trop court, etc…

Au vu de ces constats, la conclusion fut très simple; Remplacer la totalité des composants de la carte amplification, repartir à zéro.

Résistances, condensateurs, transistors, etc… Le choix des transistors a été fait en fonction du cahier des charge d'origine, avec l'aide de mon amis Gillou que je remercie vivement.

Pour les transistors de puissance on choisi des MJ15015G dont le gain et la BP se rapprochent d'avantage des transistors d'origine. De plus, j'ai eu la chance de trouver des Motorola, ce sont donc des originaux et non des copies.

Les différentiels sont remplacés par des transistors à faible bruit, mais les autres également, tout en prenant compte du gain des transistors.

Les transistors ont été appairés. Je ne sais pas si c'est utile, mais je l'ai quand même fait. Les modèles suivants ont été choisis pour leurs caractéristiques. BC560, BC327 et 337 en faisant attention au brochage qui change, avec remplacement des radiateurs.

A ce propos, les transistors H902, H903 et H905 ont été choisis et triés spécialement à l'époque pour un niveau de bruit le plus bas possible. Il était donc logique d'aller dans ce sens.

Pour le remplacement des transistors, il est vivement conseillé de s'équiper d'un testeur de transistors. En effet, il n'est pas rare de trouver des datasheet dont le brochage est faux sur le net.

Je commence déjà par donner un coup de propre à la partie alimentation. Les condensateurs de liaison de 3300µF sont remplacés par des 4700µF et celui de 4700µF par un 8200µF.

Puis je colle en parallèle de chaque condensateurs un petit plastique MKT de 680nF pour améliorer les aigus.

En effet, les condensateurs chimiques se comportant mal dans les aigus, l'ajout de condensateurs plastique en parallèle coûte bien moins cher qu'un condensateur HDG et offre des résultats plus qu'honorables et largement supérieurs que ce que pouvaient faire les condensateurs de l’époque.

Sur la carte d'amplification, tous les composants sont donc remplacés.

Les chimiques polarisés de petite valeurs  situés sur le trajet du signal sont remplacés par des bipolaires Muse.

Les autres par des Elna Silmic II qui sont excellent.

Les condensateurs plastique sont remplacé par d'autres modèles, souvent identique ou proche, que j'avais en stock et que j'ai testé.

Les résistance sont également toutes remplacées.

J'en profite pour refaire également le câblage d'entrée et de sortie de la carte d'amplification, en choisissant un câblage un peu plus aéré et en remplaçant les fils par des neufs en meilleur état. En effet, ces fils qui passent  et s'écrasent sous une plaque de CI, ce n'est pas ce qu'il y a de plus judicieux, et à force d'avoir été soudés/dessoudés, raccourcis, ils font peur à voir.

Je passe ensuite à la carte de préamplification, ainsi que le préampli phono où je change les condensateurs chimiques, dans le même esprit que sur la carte de puissance.

Pour finir, je m'occupe de contrôler et nettoyer les potentiomètres et les boutons.

Viennent ensuite les tests et le réglage du courant de repos et de l'écrêtage. Je peux vous dire qu'au vu du nombre de souci que m'a donné cet appareil, j'ai pris mon temps. Mais le résultat est que j'approche le réglage parfait.  Exactement 7,5mV aux bornes des résistances de puissance sur les deux voies.

Pour l'écrêtage, j'arrive exactement à la moitié de la tension d'alimentation, soit 36,5V.

Ca semble parfait. Après 20 minutes de chauffe, les réglages n'ont pas bougé.

Aide au réglage du courant de repos et de l'écrétage du Marantz 1060.

Voici une photo trouvée sur le net qui montre quels potentiomètres il faut toucher pour faire les réglages.

Pour régler le bias, ou courant de repos du canal droit, il faut brancher un multimètre aux bornes de la résistance R747 et ajuster R729 pou obtenir 7,5mV.

Pour le canal gauche, Il faut se brancher aux bornes de R748 et faire varier R730 pour obtenir également 7,5mV.

Une alternative qui permet de faire les mêmes réglages est de se brancher sur les picots J713 et J717 pour le canal droit et J714 et J718 pour le canal gauche.

Dans ce cas là, il faudra arriver à 15mV sur les deux voies en ajustant R729 et R730.

Il faudra laisser l'appareil sous tension et ensuite vérifier les réglages après 20 minutes de chauffe.

Pour régler l'écrêtage, une solution permet de se passer d'un oscilloscope (astuce trouvée sur le site Audiovintage).

1 - On mesure la tension entre J709 et J725 (ou J723).

2 - On mesure ensuite la tension entre J715 et J725 (ou J723) et on ajuste R724 pour obtenir la moitié de la tension mesurée en 1.

1 - On mesure la tension entre J710 et J725 (ou J723).

2 - On mesure ensuite la tension entre J716 et J725 (ou J723) et on ajuste R724 pour obtenir la moitié de la tension mesurée en 1.

Il est maintenant grand temps de passer à l'écoute.

L'écoute:

Là je peux dire que j'entends un Marantz 1060 neuf. Je me demande s'il y en a beaucoup qui ont entendu ça de nos jours, surtout au vu des différents retours que j'entends ou lis.

Ce petit Marantz a gardé sa signature. Très musicale, il a une très bonne dynamique et les timbres sont bons. La dynamique est certainement améliorée par les condensateurs de liaison et d'alimentation remplacés par des modèles de plus forte valeurs, et des MKP soudés en parallèles. Les aigus sont améliorés de façon audible.

Un bel équilibre sur l'ensemble du spectre, très honorable pour un petit intégré comme celui-ci. Sur des enceintes bibliothèque, c'est fluide, musicale et détaillé. L'image stéréo a pris un coup de jeunesse. Contrairement à ce que l'on peut lire ailleurs, ici, le 1060 s'en sort relativement bien. Cette stéréo a sans doute été améliorée par le choix des condensateurs de meilleure qualité (et les anciens devaient certainement êtres rincés sur le modèle que j'ai pu écouter) et par le choix de transistors plus intéressants.

C'est également un amplificateur puissant capable de délivrer plus que les 2 x 30 Watt annoncés par le constructeur.

Je dirais que le 1060 est agréable à l'écoute et réserve de belles surprises sur des bibliothèques, mais il manque quelque chose. Je m'attendais quand même à mieux au vu de la réputation de cet appareil, même refait.

Peut être aussi que je suis devenu exigeant avec le temps.

J'ai donc essayé de lui faire driver des enceintes plus grandes et plus difficiles: les Esoter Focus Time, bien qu'il ne soit pas taillé pour ce genre d'enceintes.

Etonnamment, il s'en sort, mais par contre les basses sont trop en avant. Certainement un choix voulu (compensation?) pour renforcer les basses sur des enceintes bibliothèque. Et ça marche, c'est pêchu et tendu sur des B&W DM4 ou des Philips 22RH457, ou encore sur des Alisson LC120.

Mais pas sur de grandes enceintes. Sur les B&W DM2 les basses sont également imposantes: ça déborde. Le courant de repos ayant été réglé à la perfection, ce comportement ne semble donc pas du à un mauvais réglage.

Comme j'ai un lecteur CD avec volume réglable, je le branche uniquement sur la partie amplification, puisque le 1060 est débridgeable.

Là, le signal est un peu plus transparent, mais un peu plus froid. Il perd de sa musicalité. Je ne suis pas plus emballé qu'avant (toute proportion gardée car cet ampli est  intéressant). j'y trouve finalement plus de défauts que de qualités. C'est beaucoup mieux que le modèle que j'ai pu entendre "dans son jus", mais les défauts laissent entendre que cette partie puissance a été conçue ainsi pour faire l'identité de cet intégré.

Je teste ensuite la partie préampli. Au casque, c'est une vraie surprise. C'est excellent.

La partie préampli phono du Marantz 1060 est une des meilleure que j'ai pu entendre.

J'ai testé la partie préampli du 1060 sur un ampli/tuner HK630 (double mono) également refait à neuf et excellent, le meilleur ampli à transistors que je possède actuellement. C'est une configuration qui dépasse largement l'utilisation du HK630 en intégré (avec sa partie préamplification).

A noter que la commande de balance est efficace à 100% sur le 1060, ce qui est rare.

En résumé, le Marantz 1060 est un très bon petit intégré agréable à écouter, mais dont la partie amplification est le plus mauvais élément qui pénalise ce petit intégré. Encore une fois, il reste un intégré capable de belles surprises, mais pour en profiter pleinement, il vaudra mieux l'utiliser comme préamplificateur avec un amplificateur de puissance plus performant. Dans cette configuration, il pourra surprendre d'avantage, encore.

Le gros point fort est son préampli phono. Dommage de ne pas en avoir intégré un second pour les cellules à bobines mobiles.

L'écoute au casque réserve également de belles surprises.

Mais il faudra de toute façon songer à tester, voir remplacer au minimum tous les condensateurs chimiques, comme sur tous ces appareils qui ont plus de 30 ans si l'on veut en profiter pleinement et pour longtemps.

Car même si bons nombres de ces vieux appareils fonctionnent souvent encore bien et permettent une écoute de qualité "dans leur jus", les condensateurs ont indéniablement vieilli et au mieux ont de toute façon modifié les caractéristiques d'écoute avec le temps.

Je présenterai bientôt un face à face entre le Marantz 1060 et le Scott 255S.

Face à face qui sera équitable puisque les deux appareils que je possède ont été entièrement refait à neuf.

Banc D'essai 1060.pdf